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histoire de baïbars… (le 1er capitaine…)
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vais donc placer près d’elle un de mes hommes armés, pour la garder jusqu’au matin, ou plutôt, il serait préférable, et de beaucoup, — car je n’ai point assez confiance en mes gardes, — de faire choix, sans retard, de quelque demeure de gens respectables qui l’hébergeraient en tout honneur jusqu’au matin. Et, par Allah ! je ne vois pas où elle pourrait se trouver mieux, à tous égards, que dans la maison de notre maître le kâdi, à la porte duquel le sort l’a fait asseoir. Mettons-la donc chez lui ! Et j’en recueillerai, sans aucun doute, tout le bénéfice, sans compter que la gratitude pourra faire pencher vers moi le foie de cette adolescente, dont les yeux ont déjà allumé dans mes entrailles un incendie. » Et, ayant ainsi justement pensé, tu feras raisonner l’anneau de la porte du kâdi, et tu me feras entrer dans son harem. Et je me trouverai ainsi réunie avec mon amante. Et mon désir sera satisfait. Et tel est mon plan, ô capitaine. Et telle est mon explication. Ouassalam ! »

Alors moi, ô mon seigneur le sultan, je répondis à l’adolescente : « Qu’Allah augmente Ses faveurs sur ta tête, ô ma maîtresse. C’est là un plan étonnant et facile à exécuter. L’intelligence est un don du Rétributeur. » Et là-dessus, m’étant mis d’accord avec elle sur l’heure de la rencontre, je lui baisai la main ; et chacun de nous s’en alla en sa voie.

Et donc vint le soir, puis l’heure du repos, puis celle de la prière ; et, quelques moments après, je sortis, à la tête de mes hommes armés de glaives nus, pour ma ronde nocturne. Et, de quartier en quartier, nous arrivâmes, vers minuit, dans la rue où devait