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histoire de baïbars… (le 1er capitaine…)
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d’une femme sur une autre femme ! C’est là une aventure qui n’a pas eu sa pareille dans l’histoire du proxénétisme ! Il n’y a point d’inconvénient, tu peux prendre la chose sur ta conscience ! » Et je dis à l’adolescente dorée : « Ma pigeonne, ton affaire est une bien délicate affaire ; et, bien que je n’en comprenne ni les tenants ni les aboutissants, mon obéissance t’est acquise, ainsi que mon dévouement. Mais, par ta vie ! comment puis-je t’être utile en tout cela ? » Elle dit : « En me facilitant l’entrée auprès de mon adorée, la fille du kâdi ! » Et je répondis : « Hé, hé ! ô ma tourterelle, où suis-je, moi, et, où est-elle, la fille du kâdi, cette bienheureuse-là ? Par la vérité de ta grâce, la distance est grande qui nous sépare ! » Et elle me dit, d’un ton agacé : « Ô pauvre, ne va pas croire que je serai assez dénuée de bon sens pour t’introduire auprès de la jouvencelle, non, par Allah ! Mais je veux simplement que tu me serves de bâton d’appui dans ma marche vers la ruse et le stratagème. Et j’ai trouvé que toi seul, ô capitaine, pouvais faire ce que je souhaite ! » Et je dis : « J’écoute et j’obéis, et je suis un bâton aveugle, et sourd entre tes mains, mon agneau. » Alors elle me dit : « Écoute donc et obéis. Cette nuit, j’irai, parée comme un paon de mes plus beaux vêtements, et voilée de façon à ce que nul autre que toi ne me reconnaisse dans le quartier, m’asseoir auprès de la maison du kâdi, père de mon amante. Alors, toi et les gardes qui sont sous tes ordres, attirés par le parfum pénétrant que j’exhalerai, vous vous dirigerez de mon côté. Et toi tu t’avanceras respectueusement vers moi, et tu me demanderas : « Que fais-tu là, à cette heure