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les mille nuits et une nuit

de désespoir, et furent plongés dans le puits sans fond de la désolation.

Et le prince Diamant marcha d’étape en étape, et, grâce à la sécurité qui lui fut écrite, il finit par arriver à la capitale profonde du royaume de Qâmous, Et il se trouva en face d’un palais plus haut qu’une montagne. Et aux pinacles de ce palais étaient accrochées, par milliers, des têtes de princes et de rois, les unes avec leur couronne, et d’autres toutes nues et chevelues. Et, sur la place du meidân, étaient dressées les tentes en tissus d’or et de satin chinois, avec des portières en mousseline dorée.

Et, lorsqu’il eut contemplé tout cela, le prince Diamant remarqua que, sur la porte principale du palais, était suspendu un tambour enrichi de pierreries, ainsi que sa baguette. Et il était écrit en lettres d’or sur ce tambour : « Quiconque, de sang royal, désire voir la princesse Mohra, doit faire résonner ce tambour au moyen de cette baguette. » Et Diamant, sans hésiter, descendit de son cheval, et alla résolument vers la porte en question. Et il prit la baguette enrichie de pierreries et frappa le tambour avec une telle force que le son qu’il en tira fit trembler toute la ville.

Et aussitôt les gens du palais se présentèrent et conduisirent le prince auprès du roi Qâmous. Et le roi, à la vue de sa beauté, fut séduit en son âme et voulut le sauver de la mort. Et donc il lui dit : « Hélas sur ta jeunesse, ô mon fils ! Pourquoi veux-tu perdre la vie, comme tous ceux-là qui n’ont pu répondre à la demande de ma fille ? Renonce à cette entreprise, aie compassion de toi-même, et deviens