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histoire de baïbars… (le 1er capitaine…)
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longue vie au sultan, il dit : « Moi, ô roi du temps, je te raconterai une affaire extraordinaire qui m’est personnelle, et qui m’arriva dans les premiers temps de ma carrière ! »

Et il s’exprima ainsi :


HISTOIRE RACONTÉE PAR LE PREMIER
CAPITAINE DE POLICE


Sache, ô mon seigneur et la couronne de ma tête, que lorsque je suis entré au service de la police du Caire, sous les ordres de notre chef Alam Al-Dîn Sanjar, j’avais une grande réputation, et tout fils d’entremetteur, de chien ou de pendu, voire même de putain, me craignait et me redoutait à l’égal d’une calamité, et me fuyait comme le mal d’air jaune. Et lorsque je circulais à cheval à travers la ville, les gens entre eux me montraient du doigt, et me faisaient des clignements d’yeux entendus, tandis que d’autres ramassaient jusque sur le sol, avec leurs mains, les salams respectueux dont ils me saluaient au passage. Et moi je ne me souciais pas plus de leurs gestes que d’une mouche qui m’aurait effleuré le zebb. Et je passais mon chemin, avec une âme rengorgée.

Or, un jour, j’étais assis dans la cour du wali, appuyé du dos contre le mur, et je pensais à ma grandeur et à mon importance, quand soudain je vis tomber du ciel, dans mon giron, quelque chose de