Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de la jouvencelle…
185

la porte de l’émir des Croyants. Et il tomba à ses pieds, en disant : « Ya sidi ! ya sidi ! » Et Massrour lui dit : « Que t’arrive-t-il ? Et que viens-tu faire ici à une heure pareille ? » Et l’eunuque dit : « Hâte-toi, ya sidi, de réveiller l’émir des Croyants ! J’apporte la bonne nouvelle ! » Et Massrour se mit à le gronder, en lui disant : « Es-tu fou, ô Sawab, pour me croire capable de réveiller à cette heure notre maître le khalifat ? » Mais l’autre se mit à insister tellement, et à crier si fort, que le khalifat finit par entendre le bruit et se réveiller. Et il demanda de l’intérieur : « Ya Massrour, pourquoi tout ce tumulte dehors ? » Et Massrour, tremblant, répondit : « C’est Sawab, ô mon seigneur, le gardien du pavillon, qui vient me trouver pour me dire : « Réveille l’émir des Croyants ! » Et le khalifat demanda : « Qu’as-tu à me dire, ô Sawab ? » Et l’eunuque ne put que balbutier : « Ya sidi ! ya sidi ! » Alors Al-Rachid dit à l’une des jeunes filles esclaves, qui veillaient à l’intérieur sur son sommeil : « Va voir quelle peut être l’affaire. »

Alors la jeune fille sortit vers les eunuques, et fit entrer celui qui gardait le pavillon. Et il était dans un tel état, qu’en voyant l’émir des Croyants il oublia d’embrasser la terre entre ses mains, et lui cria, comme s’il parlait à un de ses semblables en eunuquat : « Yallah, vite, lève-toi ! Ma maîtresse Tohfa est dans sa chambre, chantant et jouant du luth. Allons, vite, viens l’entendre, ô homme ! » Et le khalifat, stupéfait, regarda l’esclave sans pouvoir prononcer un mot. Et l’autre lui dit : « N’as-tu pas entendu le commencement de mon discours ? Je ne suis pas fou, par Allah ! Je te dis que ma maîtresse