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histoire de la jouvencelle…
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on vint le remettre, en cérémonie, à Tohfa qui le prit, et le porta à son front, en remerciant.

Alors Éblis fit un signe à ceux qui l’entouraient, et aussitôt entrèrent dès genn portefaix chargés chacun d’une armoire. Et ils déposèrent devant Tohfa, ces armoires qui, au nombre de douze, étaient toutes semblables. Et Éblis les ouvrit une à une, afin d’en faire voir le contenu à Tohfa, en lui disant : « Elles sont ta propriété ! » Or, la première armoire était entièrement remplie de pierreries ; la seconde, de dinars d’or ; la troisième, d’or en lingots ; la quatrième, de bijoux orfèvrés ; la cinquième, de candélabres d’or ; la sixième, de confitures sèches et de myrobolan ; la septième, de lingeries de soie ; la huitième, de fards et de parfums ; la neuvième, d’instruments de musique ; la dixième, de vaisselle d’or ; la onzième, de robes de brocart, et la douzième, de robes de soie de toutes les couleurs.

Et, lorsque Tohfa eut regardé le contenu de ces douze armoires, Éblis fit un nouveau signe aux portefaix, qui reprirent aussitôt les armoires sur leur dos, et se rangèrent en bon ordre derrière Tohfa. Alors, les reines des genn vinrent, en pleurant, faire leurs adieux à la lieutenante des oiseaux ; et la reine Kamariya lui dit : « Ô ma sœur, tu nous quittes, hélas ! mais tu nous permettras, du moins, d’aller quelquefois te voir dans le pavillon que tu habites, et nous réjouir les yeux de ta vue qui fait s’envoler les esprits. Mais tu voudras aussi que désormais, au lieu de rester invisible, je prenne une forme de fille terrestre, et que je te réveille de mon souffle ! « Et Tohfa dit : « De tout cœur amical, ô ma sœur Kama-