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les mille nuits et une nuit

d’autres encore. Mais, inschallah ! nous nous réunirons dans une autre circonstance. Pour le moment, je prie le cheikh Éblis de me ramener au palais de l’émir des Croyants, mon maître, qui doit être dans une grande inquiétude à mon sujet. Et excusez-moi si je ne puis assister à la circoncision de l’enfant et aux noces de la jeune éfrita. Vraiment, je ne puis pas ! »

Alors le cheikh Éblis lui dit : « En vérité, ô Chef-d’œuvre des Cœurs, notre cœur se fend de savoir que tu veux nous quitter si tôt. N’y aurait-il pas moyen que tu restes encore un peu avec nous ? Tu nous fais goûter la douceur et tu nous la retires des lèvres ! Par Allah sur toi, ô Tohfa ! favorise-nous encore de quelques instants ! » Et Tohfa répondit : « Vraiment, la chose est au-dessus de ma capacité. Et il faut que je retourne auprès de l’émir des Croyants ; car, ô cheikh Éblis, tu n’ignores pas que les enfants de la terre ne sauraient goûter le vrai bonheur que sur la terre. Et mon âme est triste d’être si loin de ses semblables ! Ô vous tous, ne me retenez pas ici davantage, contre mon cœur ! »

Alors Éblis lui dit : « Sur ma tête et mon œil, mais je veux d’abord, ô Tohfa, te dire que je connais ton ancien maître de musique, l’admirable Ishak ibn-Ibrahim de Mossoul. » Puis il sourit et dit : « Et il me connaît également, car, par une certaine soirée d’hiver, il s’est passé entre nous certaines choses que je ne manquerai pas de te raconter, inschallah ! quelque jour, à mon tour. Car l’histoire de mes relations avec lui est une longue histoire ; et il n’a pas encore dû oublier les positions sur le luth que je lui