Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
les mille nuits et une nuit

Si l’esprit était bon, il apercevrait les signes de la vérité ; si la conscience savait comprendre, elle apprendrait sans peine les bonnes nouvelles ;

Si l’âme s’ouvrait aux influences mystiques, elle recevrait des lumières surnaturelles ;

Si l’intérieur était pur, les mystères des choses paraîtraient à découvert, et la Divine Maîtresse se laisserait voir.

Si l’on se dépouillait du vêtement de l’amour-propre, il n’existerait plus d’obstacle dans la vie, et l’esprit ne sécréterait plus de pensées glacées.

De la sorte ton tempérament pourrait acquérir le degré d’équilibre qui constitue la santé spirituelle, et tu serais ton propre médecin.

Tu saurais te rafraîchir avec l’éventail de l’espérance, et préparer pour toi-même le myrobolan du refuge, le sébeste de la correction, le jujube de la sollicitude et le tamarin de la direction.

Tu saurais te broyer dans le mortier de la patience, te tamiser sur le tamis de l’humilité, et t’administrer les remèdes spirituels, après la veille nocturne, dans la solitude du matin en tête-à-tête avec la Divine Amie.

Car celui qui ne sait pas tirer un sens allégorique du cri aigre de la porte, du bourdonnement de la mouche, et du mouvement des insectes qui bombillent dans la poussière,

Celui qui ne sait pas comprendre ce qu’indiquent la marche de la nue, la lueur du mirage, et la teinte du brouillard, celui-là n’est pas du nombre des gens intelligents. »