Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de la jouvencelle…
177

gémir toutes les fois que j’aperçois une caravane dont le conducteur accélère la marche.

Je suis ainsi semblable au prédicateur dans la mosquée, et ce n’est pas une chose nouvelle que les prédicateurs soient vêtus de noir.

Mais, hélas ! ce ne sont que des objets muets et inanimés qui répondent à ma voix prophétique !

Ô toi qui as l’oreille dure, réveille-toi enfin, et comprends ce qu’indique la nuée matinale : il n’y a personne sur la terre qui ne doive s’efforcer d’entrevoir quelque chose du monde invisible !

Mais tu ne m’entends pas, tu ne m’entends pas ! Et je m’aperçois enfin que je parle à un mort !

« Et maintenant, si vous le voulez bien, ô mes maîtres et mes maîtresses, je vous dirai le Chant de la Huppe.

« Le voici :

« Lorsque je vins de Saba, messagère d’amour, je remis au roi doré la lettre de la reine aux longs yeux céruléens.

Et Soleïmân me dit : « Ô huppe tu m’as apporté de Saba une nouvelle qui fait danser mon cœur. »

Et il me combla de ses faveurs, et me mit sur la tête cette couronne charmante que j’ai depuis lors gardée.

Et il m’enseigna la sagesse. C’est pourquoi je reviens souvent à la solitude de mes pensées, et me remémore son enseignement, tel qu’il me l’a donné.

Il m’a dit : « Sache, ô huppe, que si le cœur était attentif à s’instruire, l’intelligence pénétrerait le sens caché des choses ;