Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
les mille nuits et une nuit

de mes faveurs qu’en souffrant avec patience, l’amertume de mes dédains et mes blessures.

L’amour rend léger ce qu’il y a de plus pesant. Si tu comprends, avance. Sinon, reste où tu es.

» Et maintenant, ô mes maîtres et mes maîtresses, je vous dirai, si vous le voulez bien, le Chant du Papillon.

« Le voici :

« Je suis l’amant éternellement brûlé par l’amour de ma bien-aimée, la flamme.

Me consumer de désir et d’ardeur, telle est la loi qui régit ma courte vie.

Les mauvais traitements de mon amie, loin de diminuer mon amour, ne font que l’augmenter, et je me précipite vers elle, emporté par le désir de voir notre union consommée.

Mais elle me repousse avec cruauté et déchire le tissu de gaze de mes ailes. Non, jamais un amant n’a enduré ce que j’endure !

Et la chandelle me répond : « Véritable amant, ne te hâte pas de me condamner, car j’éprouve les mêmes tourments que toi.

Qu’un amoureux se consume, rien d’étonnant, mais qu’une maîtresse éprouve le même sort, voilà ce qui doit surprendre.

Le feu m’aime, comme je t’aime ; et ses soupirs enflammés me brûlent et me liquéfient.

Il veut se rapprocher de moi, et il me dévore ; il veut s’unir à moi d’amour, mais il ne peut accomplir ses désirs qu’en me détruisant.