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histoire de la jouvencelle…
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voilure, l’indifférent qui demeure sur la grève ne recueille jamais les perles marines, et ne peut prétendre qu’à l’écume amère.

« Et maintenant, si vous le voulez bien, ô mes maîtres et mes maîtresses, je vous dirai le Chant de l’Abeille.

« Le voici :

« Je construis ma maison sur les collines. Je me nourris de ce qu’on peut prendre sans endommager les arbres, et de ce qu’on peut manger sans scrupule.

Je me pose sur les fleurs et sur les fruits, sans jamais détruire un fruit ni gâter une fleur ; j’en retire seulement une substance légère comme la rosée.

Contente de mon butin délicat, je reviens à ma demeure, où je me livre à mes travaux, à ma méditation et à la grâce qui m’a été prédestinée.

Ma maison est construite selon les lois d’une sévère architecture ; et Euclidos lui-même s’instruirait en admirant la géométrie de mes alvéoles.

Ma cire et mon miel sont le produit de l’union de ma science avec mon travail. La cire est le résultat de mes peines, et le miel est le fruit de mon instruction.

Je n’accorde mes grâces à ceux qui les désirent, qu’après leur avoir fait sentir l’amertume de mon aiguillon.

Si donc tu recherches les allégories, je t’en offre une bien instructive. Réfléchis que tu ne peux jouir