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histoire de la jouvencelle…
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« … Et maintenant que j’ai fini les chants du zéphyr et des fleurs, je vous dirai, si vous le voulez bien, ô mes maîtres et mes maîtresses, quelques Chants d’oiseaux.

« Voici d’abord le Chant de l’Hirondelle :

« Si je prends pour demeure les terrasses et les maisons, me séparant ainsi de mes pareils, les oiseaux, qui habitent le creux des arbres et les rameaux,

C’est qu’à mes yeux il n’y a rien de préférable à la condition d’étranger. Je me mêle donc aux humains, parce qu’ils ne sont pas de mon espèce, et précisément pour être étrangère au milieu d’eux.

Je vis toujours en voyageuse, et je jouis ainsi de la compagnie des gens instruits. Loin de sa patrie, on est toujours accueilli avec bonté et d’une manière obligeante.

Lorsque je m’établis dans une maison, je ne me permets pas de faire le moindre tort aux habitants. Je me contente d’y bâtir ma cellule avec des matériaux pris au bord des ruisseaux.

J’augmente le nombre des gens du logis, mais je ne demande point à partager leurs provisions, car je vais chercher ma nourriture dans les lieux déserts.

Aussi, le soin que je mets à m’abstenir de ce que mes hôtes possèdent me concilie leur attachement ; car, si je voulais prendre part à leur nourriture, ils ne m’admettraient point dans leurs demeures.

Je suis auprès d’eux lorsqu’ils sont assemblés, mais je m’éloigne lorsqu’ils prennent leurs repas. Car c’est à leurs bonnes qualités que je désire participer, et non à leurs festins ; c’est leur mérite que je recher-