Et les chefs des genn, en entendant ces vers et leur musique, furent dans l’extase de la jouissance. Et le laid Maïmoun, ce méchant, fut si enthousiasmé qu’il se mit à danser, le doigt enfoncé dans son cul. Et le cheikh Éblis dit à Tohfa : « De grâce ! change le ton, car le plaisir, en entrant dans mon cœur, a arrêté mon sang et ma respiration ! » Et la reine Kamariya se leva et vint l’embrasser entre les deux yeux, en lui disant : « Ô fraîcheur de l’âme ! Ô cœur de mon cœur ! » Et elle la conjura de jouer encore. Et Tohfa répondit : « Ouïr c’est obéir ! » Et elle chanta ceci, en s’accompagnant :
« Souvent, alors que grandit la langueur, je console mon âme par l’espoir.
Les choses difficiles seront malléables comme la cire, si ton âme connaît la patience ; et tout ce qui est loin se rapprochera, si tu te résignes. »
Et cela fut chanté d’une voix si belle que les chefs des genn se mirent tous à danser. Et Éblis vint à Tohfa, et lui baisa la main et lui dit : « Ô merveilleuse, serait-ce abuser de ta générosité que de te demander encore un chant ? » Et Tohfa répondit : « Pourquoi n’est-ce point sett Kamariya qui me le demande ? » Et la jeune reine accourut aussitôt, et, baisant les deux mains de Tohfa, elle lui dit : « Par ma vie sur toi ! encore une fois ! » Et elle dit : « Par Allah ! ma voix est fatiguée de chanter ; mais si, tu le veux bien, je vous dirai à tous, sans les chanter, mais en les récitant dans leur rythme, les chants du zéphyr, des fleurs et des oiseaux. Et, pour