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histoire de la jouvencelle…
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… Et, voyant cela, le cheikh Éblis se mit à rire, et s’écria : « Ô la belle accolade ! Soyez gentilles, et prenez-moi entre vous deux ! » Et un grand rire secoua l’assemblée des genn. Et Tohfa rit également. Et la belle Kamariya lui dit : « Ô ma sœur, je t’aime, et les cœurs sont si profonds qu’ils ne peuvent avoir pour témoins que les âmes. Et mon âme témoigne que je t’aimais déjà avant de t’avoir vue. » Et Tohfa, ne voulant point paraître mal élevée, répondit : « Par, Allah ! toi aussi tu m’es chère, ya setti Kamariya. Et je suis devenue ton esclave depuis que je t’ai vue. » Et Kamariya la remercia, et l’embrassa encore, et lui présenta ses trois sœurs, disant : « Celles-ci sont mariées à nos chefs. » Et Tohfa fit un salut approprié à chacune d’elles. Et elles vinrent, à tour de rôle, s’incliner devant elle.

Après quoi des esclaves genn entrèrent avec le grand plateau des mets, et tendirent la nappe. Et la reine Kamariya invita Tohfa à venir s’asseoir avec elle et ses sœurs autour du plateau, au milieu duquel étaient gravés ces vers :

Je suis fait pour porter des mets de toutes sortes ;
La générosité est ce que je comporte ;
Donc, sans en rien laisser, mangez ce que je porte.
Les mains des plus puissants viennent me faire signe.
Que chacun de vous me désigne
Quelle est sa préférence insigne.
D’un si grand honneur je suis digne,
À cause des mets que j’aligne.