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histoire splendide du prince diamant
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« Or, lorsque mon fils aîné eut appris ces détails de la bouche du caravanier, son cœur brûla comme de la viande grillée ; et il vient à moi, versant des pleurs comme un nuage de tempête. Et, gémissant, il me demanda la permission du départ, pour s’en aller essayer d’obtenir la princesse des pays de Sînn et de Masînn. Et moi, effrayé à l’extrême de cette entreprise de folie, j’eus beau tenter de remédier à un tel état, la médecine de l’avis fut sans action sur la véhémence du mal d’amour. Et je dis alors à mon fils : « Ô lumière de mes yeux, si tu ne peux, sans mourir de tristesse, t’empêcher d’aller vers les contrées de Sînn et de Masînn, où règne le roi Qâmous fils de Tammouz, père de la princesse Mohra, je t’y accompagnerai à la tête de mes armées. Et si le roi Qâmous consent de bonne grâce à m’accorder sa fille à ton intention, tout est bien ; sinon, par Allah ! je ferai crouler sur sa tête les décombres de son palais, et je jetterai au vent son royaume. Et la jeune fille deviendra de la sorte ta captive et ta propriété. » Mais mon fils aîné ne sembla point trouver ce projet à son gré, et me répondit : « Il n’est pas de notre dignité, ô notre père, de prendre par la force ce qui ne nous est pas accordé par la persuasion. Il faut donc que j’aille moi-même donner la réponse exigée, et conquérir ainsi la fille du roi. »

« Alors moi je compris mieux que jamais que nulle créature ne peut effacer l’écrit du destin, ni même un caractère des mots qu’a tracés, dans le livre des destinées, le scribe ailé. Et voyant que la chose était ainsi décrétée dans le sort de mon enfant, je lui