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histoire de la jouvencelle…
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— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT VINGT-NEUVIÈME NUIT

Elle dit :

« … ne tarde pas davantage à faire entrer le matin, et ce qui est plus frais que le matin. Et ne nous prive pas plus longtemps de la musique de l’eau et de ce qui est plus harmonieux que la musique de l’eau ; car, en vérité, le matin ne doit jamais être caché, ni l’eau cesser de chanter. »

Et Ishak sortit pour aller chercher Tohfa, tandis que le khalifat s’étonnait en son âme de le voir louer pour la première fois, et avec tant de véhémence, une chanteuse. Et il dit à Giafar : « N’est-ce point prodigieux, ô vizir, qu’Ishak s’exprime avec tant d’admiration sur le compte de tout autre que lui-même ? Voilà qui me stupéfie à la limite de la stupeur. » Et il ajouta : « Mais nous allons bien voir quelle va être l’affaire. »

Et, au bout de quelques instants, précédée par Ishak qui la tenait délicatement par la main, entra la jouvencelle. Et l’œil de l’émir des Croyants étincela sur elle. Et son esprit fut ému de sa grâce ; et ses yeux furent réjouis de sa démarche charmante semblable à la soie volante des écharpes. Et, tandis qu’il la contemplait, elle vint s’incliner entre ses