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histoire splendide du prince diamant
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histoire doit être une étrange histoire ? » Et le vieux roi répondit : « Certes, mon histoire est étrange et prodigieuse ! Mais elle l’est tellement qu’il vaut mieux que tu renonces à en entendre le récit de ma bouche. Sinon, elle serait pour toi un motif de larmes et de calamités. « Mais le prince Diamant dit : « Tu peux parler, ô vénérable, car je suis nourri du lait de ma mère, et suis le fils de mon père. » Et il insista beaucoup pour le décider à lui faire le récit qu’il souhaitait entendre.

Alors le vieux roi, qui était assis sur le trône, au-dessous de l’arbre, dit : « Écoute donc les paroles qui vont sortir de la coquille de mon cœur. Recueille-les et mets-les dans le pan de ta robe. » Et il baissa la tête un instant, puis la releva, et parla ainsi :

« Sache donc, ô toi l’adolescent, qu’avant mon arrivée dans cet îlot au milieu du désert, je régnais sur les terres de Babyl, au milieu de mes richesses, de ma cour, de mes armées et de ma gloire. Et Allah Très-Haut — qu’il soit exalté ! — m’avait octroyé, pour postérité, sept enfants royaux qui bénissaient leur créateur, et étaient la joie de mon cœur. Et tout, dans mon empire, se passait dans la paix et la prospérité, lorsqu’un jour mon fils aîné apprit de la bouche d’un caravanier que, dans les contrées lointaines de Sînn et de Masînn, il y avait une princesse, fille du roi Qâmous fils de Tammouz, qui s’appelait Mohra, et n’avait pas sa pareille dans le monde ; que la perfection de sa beauté noircissait le visage de la nouvelle lune ; et que Joseph et Zu-