Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
les mille nuits et une nuit

qu’elle se prépare à être vue et entendue par nous tous. Car mes amis m’accompagneront. » Et le cheikh répondit par l’ouïe et l’obéissance, et disparut en hâtant le pas, tandis que le khalifat et ses compagnons, guidés par Ishak qui connaissait le chemin, se dirigeaient plus lentement vers le dépôt des esclaves.

Or, quoique l’aventure ne présentât rien que de très ordinaire, ils l’acceptaient cependant de bon cœur, comme un pêcheur, au bord de la mer, accepte la chance, quelque minime qu’elle soit, qu’Allah a écrite sur son premier coup de filet. Et ils virent, en approchant du dépôt des esclaves, un bâtiment haut en murailles et large en espace, qui pouvait loger, en tout confort, toutes les tribus du désert. Et ils en franchirent la porte et entrèrent dans une grande salle, réservée à la vente et à l’achat, et entourée de bancs où s’asseyaient les acheteurs. Et ils s’assirent eux-mêmes sur ces bancs, pendant que le vieillard qui les avait précédés allait chercher la jeune fille.

Et, pour elle, on avait préparé, juste au milieu de la salle, une sorte de trône en bois précieux recouvert d’une étoffe brodée d’Ionie, au pied duquel était posé un luth de Damas à cordes d’argent et d’or.

Et soudain la jeune fille attendue fit son entrée, avec la grâce d’un rameau quand il se balance. Et elle s’assit sut le trône préparé, en saluant la compagnie. Et elle fut comme le soleil lorsqu’il brille au sommet du ciel de midi. Et, bien que ses mains fussent tremblantes quelque peu, elle prit le luth,