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les mille nuits et une nuit

qu’on achetait dans le souk des esclaves et sur les marchés du monde, pour le harem du khalifat. Et dès que l’une d’elles se distinguait entre ses compagnes et les devançait dans l’art du chant, du luth et de la guitare, Ishak la conduisait devant le khalifat et la faisait chanter et jouer devant lui. Et, si elle plaisait au khalifat, on la faisait immédiatement entrer dans son harem. Mais si elle ne lui plaisait pas assez, elle retournait reprendre sa place parmi les élèves du palais d’Ishak.

Or, un jour d’entre les jours, l’émir des Croyants, se sentant la poitrine rétrécie, envoya chercher son grand-vizir Giafar le Barmécide, et Ishak son compagnon de coupe, et Massrour le porte-glaive de sa vengeance. Et quand ils furent entre ses mains, il leur ordonna de se déguiser comme il venait de le faire lui-même. Et ils devinrent, ainsi déguisés, semblables à une simple compagnie de particuliers. Et Al-Fazl, le frère de Giafar, et Younous le lettré se joignirent à eux, également déguisés. Et tous sortirent du palais sans être remarqués, et gagnèrent le Tigre, et appelèrent un batelier, et se firent conduire jusqu’à Al-Taf, faubourg de Baghdad. Et, là, ils atterrirent et marchèrent au hasard sur la route des rencontres fortuites et des aventures imprévues.

Et comme ils s’avançaient en s’entretenant et en riant, ils virent venir à eux un vieillard à la barbe blanche et à l’aspect vénérable, qui s’inclina devant Ishak et lui baisa la main. Et Ishak le reconnut pour l’un d’entre les fournisseurs qui approvisionnaient de jeunes filles et de jeunes garçons le palais du khalifat. Et c’était précisément à ce cheikh que d’or-