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les mille nuits et une nuit

Or, à ce moment ; il était arrivé en face d’une colline sablonneuse qui barrait la vue, et derrière laquelle le daim avait disparu. Et le désespéré Diamant monta sur cette colline, et, arrivé sur l’autre versant, il vit soudain un spectacle différent se dérouler à ses regards. Car, au lieu de l’aridité sans merci du désert, une oasis rafraîchissante vivait là d’une vie de verdure, entrecoupée par les ruisseaux, et ornée par des espaces naturels de fleurs rouges et de fleurs blanches semblables au crépuscule du soir et au crépuscule du matin. Et Diamant sentit son âme s’épanouir et son cœur se dilater, tout comme s’il eût été dans le jardin dont Rizwân est le gardien ailé.

Lorsque le prince Diamant eut contemplé l’œuvre admirable de son Créateur, et fait boire son cheval et bu lui-même de la délicieuse eau de l’oasis, dans le creux de sa main, il se releva et fit circuler ses regards, pour juger des choses par leurs détails. Et voici qu’a l’abri d’un très vieil arbre, dont les racines devaient plonger jusqu’aux portes intérieures de la terre, il vit un trône solitaire. Et sur ce trône était assis un vieux roi, la tête couronnée de la couronne royale et les pieds nus, qui réfléchissait. Et Diamant, respectueux, l’aborda par le salam. Et le vieux roi lui rendit son salam, et lui dit : « Ô fils des rois, pour quel motif as-tu traversé le désert féroce où l’oiseau même ne peut agiter ses ailes, et où le sang des bêtes de proie se change en fiel ? » Et Diamant lui raconta son aventure, et ajouta : « Mais toi, ô vénérable roi, peux-tu me dire le motif de ton séjour dans ce site entouré par la désolation ? Car ton