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les mille nuits et une nuit

gneur kâdi ! » Mais Goha s’écria : « Tu mens, ô fils des proxénètes ! Car moi j’ai essayé plus de trente fois de faire comme toi sans jamais réussir ! » Et il lui fit donner la bastonnade.

— Un autre jour, pendant que Goha était en visite chez le kâdi de la ville, deux plaideurs se présentèrent, et dirent : « Ô seigneur kâdi, nos maisons sont tellement voisines, qu’elles se touchent. Or, cette nuit, un chien est venu faire ses ordures entre nos deux portes, à égale distance. Et nous venons te trouver pour que tu nous dises à qui doit incomber le soin d’enlever la chose. » Et le kâdi se tourna vers Goha, et lui dit d’un ton ironique : « Je laisse à ton jugement le soin de l’examen de ce cas, et de l’arrêt. » Et Goha se tourna vers les deux plaideurs, et dit à l’un : « Voyons, ô homme, est-ce sensiblement plus près de ta porte ? » Il répondit : « Pour dire la vérité, la chose est exactement au milieu ! » Et Goha demanda au second : « Est-ce vrai, ou bien la chose est-elle plutôt de ton côté ? » Il répondit : « Le mensonge est illicite ! La chose est exactement entre nous deux, dans la rue. » Alors Goha dit, en manière d’arrêt : « L’affaire est entendue. Ce soin ne vous regarde ni l’un ni l’autre, mais celui à qui incombe, par devoir de charge, l’entretien des rues, à savoir notre maître le kâdi. »

— Et, un jour, le fils de Goha, qui était alors âgé de quatre ans, était allé avec son père chez les voisins, pour une fête. Et on lui présenta une belle aubergine, en lui demandant : « Qu’est ceci ? » Et le