Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
les mille nuits et une nuit

l’apaiser. Il sortit donc son rahat-loucoum et le donna à sucer au nourrisson, qui ne tarda pas à s’endormir. Et quand la mère fut de retour, et qu’elle eut vu l’enfant endormi, elle remercia beaucoup Goha, qui lui dit : « De rien, ô fille de l’oncle ! car si je t’en avais fait autant, et que tu eusses goûté à mon soporifique, tu te serais endormie, ta tête précédant tes pieds. »

— Et, une autre fois, Goha était en train de saillir son âne, à la porte d’une mosquée isolée. Et un homme survint, par hasard, pour faire ses dévotions dans cette mosquée. Et il aperçut Goha qui était fort occupé de l’affaire en question. Et, pris de dégoût, il cracha par terre, ostensiblement. Et Goha le regarda de travers, et lui dit : « Rends grâces à Allah ! car si je n’avais une affaire pressante en main, je t’apprendrais à cracher ici ! »

— Et, une autre fois, Goha était couché sur le chemin, au grand soleil, par un jour de chaleur, en tenant à la main son galant bâton à découvert. Et un passant lui dit : « La honte sur toi, ô Goha ! Que fais-tu là ? » Et Goha répondit : « Tais-toi, ô homme, et va-t’en de ma brise ! Ne vois-tu pas que je fais prendre l’air à mon enfant pour le rafraîchir ? »

— Et, un autre jour, on vint, en consultation juridique, demander à Goha : « Si l’imam, dans la mosquée, lâche un pet, que doit faire l’assemblée ? » Et Goha, sans hésiter, répondit : « Ce qu’elle doit faire est évident, elle doit répondre ! »