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les mille nuits et une nuit

seule et toute nue, se mit à tâter son histoire avec beaucoup d’amour, en disant : « Ô cher trésor, pourquoi n’en ai-je pas deux, ou trois ou quatre comme toi ? Tu es la source de mes plaisirs, et tu me procures de précieux avantages. » Or, le destin voulut que Goha arrivât sur ces entrefaites. Et il entendit ces paroles, et vit à quel propos son épouse s’exprimait ainsi. Alors il fit sortir son héritage, et lui dit en pleurant : « Ô fils de chien, ô proxénète, que de calamités tu as attirées sur ma tête ! Puisses-tu n’avoir jamais été l’enfant de ton père ! »

— Et, un autre jour, Goha pénétra dans la vigne de son voisin, et se mit à manger le raisin comme un renard, en prenant les grappes par un bout et en les faisant sortir de sa bouche, tiges sans grains. Et voici que tout à coup se montra le voisin qui le menaça du bâton, en lui criant : « Que fais-tu là, ô maudit ? » Et Goha répondit : « J’avais des coliques, et je suis entré ici pour me décharger le ventre. » Et l’autre demanda : « Si cela est vrai, eh bien où est alors ce que tu as fait ? » Et Goha fut un instant bien perplexe ; mais, ayant regardé de côté et d’autre, pour trouver de quoi se justifier, il montra au vigneron une fiente d’âne, en lui disant : « Voici la preuve. » Et l’homme dit : « Tais-toi, ô menteur ! Depuis quand es-tu devenu un âne ? » Et Goha sortit aussitôt son zebb, qui était énorme, et dit : « Depuis que le Rétributeur m’a gratifié de l’outil calamiteux que voici. »

— Et, un jour, Goha se promenait sur le bord de la