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quelques sottises et théories…
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rosité d’Allah se retirerait de nous, si nous l’obligions à bâtir tant de kiosques à notre intention ? » Et il se remit à ronfler.

— Et, un jour d’entre les jours, une femme dévote, d’entre les voisines de Si-Goha, était en train de prier quand, par inadvertance, un pet lui échappa. Et, comme elle n’était pas coutumière du fait, elle ne sut pas au juste si le pet en question avait été réellement engendré par elle, ou si le bruit entendu ne provenait point de quelque frottement de son pied contre les dalles ou d’un gémissement fait en priant. Et, prise de scrupule, elle alla consulter Goha, qu’elle savait fort versé dans la jurisprudence. Et elle lui expliqua, et lui demanda son avis. Et Goha, en manière de réponse, lâcha aussitôt un pet d’importance, et demanda à la dévote : « Était-ce ce bruit-là, ma tante ? » Et la vieille dévote répondit : « C’était d’un point plus fort ! » Et Goha lâcha aussitôt un second pet, plus important que le premier, et demanda à la dévote : « Était-ce comme cela ? » Et elle répondit : « C’était encore plus fort. » Alors Goha s’écria : « Non, par Allah ! ce n’était point un vent, c’était une tempête ! Va en sécurité, ô Mère aux Vents, sinon, à force de faire des efforts, je vais engendrer des gâteaux ! »

— Et, un jour, l’effrayant conquérant tartare Timour-Lenk, le Boiteux de fer, passa près de la ville où résidait Si-Goha. Et les habitants se réunirent, et, après avoir tenu mille palabres sur les moyens d’empêcher le khân tartare de dévaster