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les mille nuits et une nuit

qui est obligé de sacrifier son propre enfant ! Laisse donc l’enfant à son père, et affranchis-moi tout le premier, moi qui suis ton esclave.

— Et, un autre jour, dans une autre mosquée, Si-Goha écoutait pieusement l’imam qui disait : « Ô Croyants, qui évitez vos femmes pour courir derrière les fesses des garçons, sachez que chaque fois qu’un Croyant accomplit avec son épouse l’acte conjugal, Allah bâtit pour lui un kiosque dans le paradis. » Et Goha, étant rentré chez lui, rapporta la chose à son épouse, par manière de conversation, sans y attacher d’autre importance. Mais l’épouse, qui n’avait pas laissé sortir par la seconde oreille ce qui était entré par la première, attendit que les enfants fussent couchés, et dit à Goha : « Allons, viens que nous fassions bâtir un kiosque, au nom de nos enfants ! » Et Goha répondit : « Il n’y a point d’inconvénient. » Et il mit l’outil du maçon dans la boîte à mortier. Puis il se coucha.

Mais, au bout d’une heure de temps, l’épouse à l’œil vide réveilla Goha, et lui dit : « J’oublie que nous avons une fille à marier, qui doit habiter seule. Bâtissons un kiosque à son intention. » Et Goha dit : « Hé, ouallahi ! Sacrifions le garçon pour la fille ! » Et il introduisit l’enfant en question dans le berceau qui le réclamait. Puis il s’étendit sur son matelas, en soufflant, et se rendormit. Mais, au milieu de la nuit, l’épouse le tira par le pied, réclamant encore un kiosque pour sa mère. Mais Goha s’écria : « La malédiction d’Allah sur les quémandeurs indiscrets ! Ne sais-tu donc, ô femme à l’œil vide, que la géné-