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les mille nuits et une nuit

attends ! » Et Goha s’arrêta de marcher et, se tournant vers le juif, il lui demanda : « Qu’as-tu ? » Il répondit : « La bourse ! rends-moi la bourse ! » Et Goha dit : « Te rendre la bourse de cent dinars et un dinar qu’Allah m’a octroyée ? Ô chien des juifs, ta raison a-t-elle donc fermenté ce matin dans ton crâne ? Ou bien penses-tu que je doive te la donner, comme je t’ai donné celle d’hier ? En ce cas, détrompe-toi ! car celle-ci, je la garde de peur d’offenser le Très-Haut dans Sa générosité pour moi l’indigne. Je sais bien qu’il y a un dinar de plus dans cette bourse, mais cela ne fait pas mal aux autres. Quant à toi, marche ! » Et il saisit un gros bâton noueux, et fit mine de le laisser tomber de tout son poids sur la tête du juif. Et le malheureux de la descendance de Yâcoub fut bien obligé de s’en retourner les mains vides et le nez allongé jusqu’à ses pieds.

— Et, un autre jour, Si-Goha écoutait dans la mosquée le khateb faire le prêche. Et à ce moment le khateb expliquait à ses auditeurs un point de droit canon, disant : « Ô Croyants, sachez que si le mari remplit, à la tombée de la nuit, le devoir d’un bon époux à l’égard de son épouse, il en sera récompensé par le Rétributeur comme du sacrifice d’un mouton. Mais si la copulation licite a lieu pendant le jour, il en sera tenu compte au mari comme de l’affranchissement d’un esclave. Et si la chose est accomplie au milieu de la nuit, la récompense sera celle obtenue par le sacrifice d’un chameau ! »

Or, rentré à sa maison, Si-Goha rapporta ces paroles à son épouse. Puis il se coucha à ses côtés pour