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quelques sottises et théories…
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et la jeta à l’intérieur de la maison du juif. Puis il s’en alla en sa voie.

Lorsque le juif eut vu et entendu tout cela, il fut à la limite de la stupéfaction, et se dit : « Par les cornes lumineuses de Moussa ! notre voisin Goha est un homme plein de candeur et de bonne foi. Mais je ne puis vraiment me prononcer tout à fait à son sujet que lorsque j’aurai contrôlé la seconde partie de son dire. » Et, le lendemain, il prit la bourse, y mit cent dinars plus un, et la jeta aux pieds de Goha, au moment où celui-ci faisait sa prière accoutumée devant sa porte. Et Goha, qui savait bien d’où tombait la bourse, mais qui continuait à feindre de croire à l’intervention du Très-Haut, se baissa et ramassa le don. Et, ayant compté ostensiblement les pièces d’or, il trouva que cette fois les dinars étaient au nombre de cent et un. Alors, levant les mains au ciel, il dit : « Ya Allah, ta générosité est sans limites ! Voici que tu m’as accordé ce que je te demandais en toute confiance, et tu as même voulu combler mon désir en me donnant plus que je ne souhaitais. Aussi, pour ne pas froisser ta bonté, j’accepte ce don tel qu’il est, bien que dans cette bourse il y ait un dinar de plus que je ne demandais. » Et, ayant ainsi parlé, il serra ta bourse dans sa ceinture et fit marcher l’une devant l’autre ses deux jambes.

Lorsque le juif, qui regardait dans la rue, eut vu Goha serrer de la sorte la bourse dans sa ceinture et s’en aller tranquillement, il devint bien jaune de teint et sentit son âme qui, de colère, lui jaillissait du nez. Et il se précipita hors de sa maison et courut derrière Goha, en lui criant : « Attends, ô Goha,