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quelques sottises et théories…
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de l’eau chaude à la surface de laquelle se voyaient quelques gouttelettes de graisse. Et le fellah ne voyant rien d’autre venir, demanda : « Qu’est ceci, ô mon hôte ? » Et Goha répondit : « Ceci ? mais c’est la sœur de la sœur de l’eau où a cuit la poule. »

— Et les amis de Goha voulant, un jour, s’amuser à ses dépens, se concertèrent entre eux, et l’emmenèrent au hammam. Et ils avaient emporté des œufs sans que Goha s’en doutât. Et lorsqu’ils furent arrivés au hammam et qu’ils se furent tous déshabillés, ils entrèrent avec Goha dans la salle des sudations et dirent : « C’est le moment ! Chacun de nous va pondre un œuf. » Et ils ajoutèrent : « Celui d’entre nous qui ne pourra pas pondre, aura à payer le prix du hammam pour tous les autres. » Et, là-dessus, ils s’accroupirent tous en caquetant à qui mieux mieux, à la manière des poules. Et chacun d’eux finit par retirer un œuf de dessous lui. Et Goha, ayant vu cela, brandit soudain l’enfant de son père et, lançant le cri du coq, il se précipita sur ses amis et se mit en devoir de les assaillir. Et tous se levèrent en hâte, en lui criant : « Que vas-tu faire, ô gredin ! » Et Goha répondit : « Ne le voyez-vous donc pas ? Par ma vie, je vois là devant moi des poules, et, étant le seul coq, il faut bien que je les monte ! »

— Il nous est également revenu que Goha avait pris l’habitude de se tenir tous les matins devant la porte de sa maison, et de faire à Allah cette prière, disant : « Ô Généreux, je te demande cent dinars