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les mille nuits et une nuit

sans que Goha rendît ce qu’il avait emprunté. Et le voisin alla le trouver, et lui dit : « Ya Si-Goha, ce n’est certes pas manqué de confiance en toi, mais à la maison on a besoin aujourd’hui de l’ustensile. » Et Goha demanda : « Quel ustensile, ô voisin ? » Il dit : « La marmite que je t’ai prêtée et qui a engendré ! » Et Goha repondit : « Qu’Allah l’ait en sa miséricorde ! Elle est morte. » Et le voisin dit : « Il n’y a d’autre dieu qu’Allah ! Comment, ô Goha ! Est-ce qu’une marmite peut mourir ? » Et Goha dit : « Tout ce qui engendre meurt ! D’Allah nous venons, et vers lui nous retournerons ! »

— Et, une autre fois, un fellah fit présent d’une poule grasse à Goha. Et Goha fit cuire la poule et invita le fellah au repas. Et ils mangèrent la poule et furent contents. Or, au bout d’un certain temps, un autre fellah vint qui frappa à la porte de Goha et demanda à être hébergé. Et Goha lui ouvrit et lui dit : « Sois le bienvenu, mais qui es-tu ? » Et le fellah répondit : « Je suis le voisin de celui qui t’a fait cadeau de la poule. » Et Goha répondit : « Sur ma tête et sur mon œil. » Et il l’hébergea en toute cordialité et lui donna à manger et ne le fit manquer de rien. Et l’autre s’en alla content. Et, quelques jours après, un troisième fellah vint frapper à la porte. Et Goha demanda : « Qui est là ? » Et l’homme dit : « Je suis le voisin du voisin de celui qui t’a fait cadeau de la poule. » Et Goha dit : « Il n’y a pas d’inconvénient. » Et il le fit entrer et asseoir devant le plateau des repas. Mais, pour toute nourriture et boisson, il plaça devant lui une marmite contenant