Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 14, trad Mardrus, 1903.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.
les rencontres… (le cheikh…)
95

le seul que nous possédions, de toutes les hardes qu’il contenait, et nous le remplîmes avec l’or du juif. Et alors seulement je tirai de mon sein, où je l’avais mise en sûreté, la gemme alomonique, et la remis au juif en lui disant : « Puisses-tu la revendre dix fois plus cher que tu ne viens de l’acheter ! » Et il se mit à rire jusqu’aux oreilles, en me disant : « Par Allah ! ô cheikh, elle n’est pas à vendre. Elle est destinée à satisfaire le désir de ma femme enceinte. » Et il prit congé de moi et me fit voir la largeur de ses épaules.

Et voilà pour lui !

Mais pour ce qui est de Si Saâd, de Si Saâdi et de ma destinée par l’entremise du poisson, voici…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT SOIXANTE-TREIZIÈME NUIT

Elle dit :

… Mais pour ce qui est de Si Saâd, de Si Saâdi et de ma destinée par l’entremise du poisson, voici !

Lorsque je me vis ainsi, du jour au lendemain, riche bien plus que ne l’eût souhaité mon âme, et enfoui dans l’or et l’opulence, je n’oubliai point que je n’étais en somme qu’un ancien pauvre cordier, fils de cordier, et je remerciai le Rétributeur pour