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les rencontres… (le cheikh…)
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du souk, il faut tout de même avoir quelque argent pour en acheter. Et, pour avoir de l’argent, il faut avoir fait des économies. Et les économies ne sont guère possibles dans un ménage comme le tien, où l’apport est plus faible que la dépense. Donc, ya Hassân, pour t’aider à sortir de la misère, je veux te faire don d’une somme de deux cents dinars d’or, qui te servira de mise de fonds pour élargir ton commerce de cordier. Dis-moi donc si tu penses pouvoir, avec cette somme de deux cents dinars, te tirer d’affaire en faisant fructifier l’argent avec habileté et sagacité ! »

Et moi, ô émir des Croyants, je répondis : « Ô mon maître, qu’Allah allonge ta vie et te fasse récupérer au centuple ce que m’offre ta munificence ! Et, puisque tu condescends à m’interroger, j’ose te dire que le grain, dans ma terre, tombe sur une couche de fertilité, et que, sans trop présumer de mes moyens, une somme beaucoup moindre suffirait, entre mes mains, non seulement pour que je devienne aussi riche que les principaux cordiers de ma profession, mais même pour que je devienne plus opulent, à moi seul, que ne le sont tous les cordiers réunis de cette ville de Baghdad, toute peuplée et toute grande qu’elle est, ― si toutefois Allah me favorise — inschallah ! »

Et Si Saâd, fort satisfait de ma réponse, me dit : « Tu m’inspires grandement confiance, ya Hassân ! » Et il tira de son sein une bourse qu’il me mit entre es mains, et me dit : « Prends cette bourse. Elle contient les deux cents dinars en question. Et puisses-tu en faire un usage heureux et judicieux et y