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les mille nuits et une nuit

dans la cour du palais. De grâce, ô mon ami, aidemoi ! Je viens implorer ton assistance ! »

Lorsque le genni eut entendu mes paroles, il fut pris d’une terreur inexprimable, et s’écria : « Mon assistance ! ya Allah ! mon assistance ! Que mes frères les genn me préservent de me retrouver jamais face à face avec une pareille femme ! Mon ami Ahmad, tire-t’en comme tu pourras ! Quant à moi, je n’y saurais rien faire. Et je me sauve à l’instant. »

Il dit, et sortit avec fracas du corps de la princesse, pour livrer ses jambes au vent et anéantir sous ses pas la distance : tel, sur la mer, un grand navire chassé par la tempête.

Et la princesse chinoise revint à la raison. Et elle devint ma seconde épouse.

Et depuis lors je vécus avec les deux adolescentes royales dans les délices de toutes sortes et les plaisirs délicats.

Et je songeai alors, avant de devenir sultan de l’Inde ou de la Chine, et d’être dans l’impossibilité de voyager, à revoir le pays où je suis né, et où je vécus en bûcheron, cette ville de Baghdad, la cité de paix.

Et voilà comment, ô émir des Croyants, tu m’as rencontré sur le pont de Baghdad, à la tête de mon cortège, suivi du palanquin qui portait mes deux épouses, les princesses de l’Inde et de la Chine, en l’honneur desquelles les musiciens jouaient sur leurs instruments des airs indiens et chinois.

Et telle est mon histoire.

Mais Allah est plus savant !