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les mille nuits et une nuit

tion. Car jusque-là je ne connaissais pas exactement la nature du mal dont souffrait la princesse chinoise, et je me disais que mes feuilles arriveraient à la guérir de n’importe quoi. C’est pourquoi j’étais parti plein de confiance, sans me douter que c’était mon ancien ami, le genni géant, qui, ayant élu domicile dans le corps de la fille du sultan, était la cause du mal.

Aussi, mon étonnement fût-il extrême, une fois entré dans la chambre de la princesse chinoise, où j’avais demandé à être laissé seul avec la malade, de reconnaître la voix de mon ami le genni géant, qui me disait par la bouche de la princesse : « Comment, c’est toi, ya Sidi Ahmad ! C’est toi que j’ai comblé de mes bienfaits, qui viens me chasser de la demeure que j’ai choisie pour mon retour d’âge ? N’as-tu pas honte de reconnaître le bien par le mal ? Et n’as-tu pas peur, si tu me forces à sortir d’ici, que j’aille en droite ligne aux Indes, pendant ton absence, me livrer à diverses copulations extrêmes sur la personne de ton épouse indienne, et que je la tue ensuite ? »

Et, comme je n’étais pas médiocrement effrayé de cette menace, il en profita pour me raconter son histoire à partir du jour où il était sorti du corps de mon épouse indienne, et m’adjura, pour mon bien, de le laisser vivre tranquillement dans le nouveau logement qu’il avait choisi.

Alors moi, bien perplexe, et ne voulant pas manquer de gratitude à l’égard de cet excellent genni qui, en somme, avait été la cause de ma fortune, j’allais déjà me décider à retourner auprès du sultan de la