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les mille nuits et une nuit

frayer tout autre que moi. Mais, loin de me montrer ému, j’aspergeai d’eau de roses le visage de la jeune fille, et la fis revenir à elle-même. Et elle se réveilla avec toute sa raison, et se mit à parler à tout le monde avec sagesse, douceur et pondération, en reconnaissant ceux qui l’entouraient, et en appelant chacun par son nom.

Et la joie fut immense au palais et dans toute la ville. Et le sultan de l’Inde, reconnaissant du service rendu, ne renia pas sa promesse, et m’accorda sa fille. Et nos noces furent célébrées le jour même avec la plus grande pompe, au milieu des réjouissances et du bonheur de tout un peuple.

Et voilà comment je devins l’époux de la princesse, fille du roi de l’Inde.

Quant à la seconde princesse, que tu as vue assise sur le côté gauche du palanquin, ô émir des Croyants, voici !

Lorsque le genni géant eut quitté le corps de la princesse de l’Inde, grâce au pacte conclu entre nous, il chercha dans son esprit pour savoir où il irait habiter désormais, puisqu’il n’avait plus de logis, et que le puits était toujours occupé par la calamiteuse, fille de mon oncle. D’ailleurs, pendant son séjour dans le corps de l’adolescente, il avait fini par prendre goût à cette sorte de retraite, et il s’était promis qu’à sa sortie de là il irait choisir un autre corps d’adolescente. Ayant donc réfléchi un instant, il prit son élan, et se dirigea à toute vitesse vers le royaume de la Chine, comme un grand navire chassé par la tempête.

Et il ne trouva rien de mieux que d’aller se loger