Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 14, trad Mardrus, 1903.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
les rencontres… (le cavalier…)
57

m’écrivit la sécurité et, après un long voyage plein de fatigues, de privations et de dangers, qu’il est sans aucune utilité de narrer à notre maître, j’arrivai sans encombre dans le pays de l’Inde, là où régnait le sultan, père de la princesse, ma future épouse.

Et arrivé de la sorte au terme de mon voyage, j’appris qu’en effet la folie de la princesse avait été déclarée depuis déjà un certain temps, qu’elle avait jeté la cour et tout le pays dans la plus grande consternation, et qu’après avoir vainement employé la science des plus habiles médecins, le sultan avait promis la princesse en mariage à celui qui la guérirait.

Alors moi, ô émir des Croyants, fort des instructions que m’avait données le genni, et sans aucune inquiétude sur la réussite, je me présentai à l’audience qu’une fois par jour le sultan accordait à ceux qui voulaient essayer une cure sur l’esprit de la princesse. Et j’entrai en toute confiance dans la chambre où la jeune fille était enfermée, et je ne manquai pas de mettre en pratique la leçon du genni, en prenant toutes sortes d’airs importants, pour que l’on me prît tout à fait au sérieux. Puis, une fois que j’en eus bien imposé à tout l’entourage, et sans avoir posé aucune question sur l’état de la malade, je mouillai l’une des feuilles que je possédais, et j’en frottai le visage de la princesse.

Et, à l’instant, la jeune fille fut prise de convulsions, jeta un grand cri et tomba évanouie. Or, c’était le genni qui, par l’impétuosité de sa sortie du corps de la jeune fille, avait produit cet état, qui aurait pu ef-