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les mille nuits et une nuit

alors que toi tu surviendras, et tu seras le guérisseur de la princesse. Et, pour cela, je vais t’en indiquer les moyens ! » Et, ayant ainsi parlé, le genni tira de sa poitrine quelques feuilles d’un arbre inconnu qu’il me remit, en ajoutant : « Une fois que tu auras été introduit auprès de la jeune princesse malade, tu l’examineras comme si son mal t’était complètement inconnu, tu prendras des airs penchés et pensifs, pour en imposer à l’entourage, et tu finiras par prendre une de ces feuilles que tu tremperas dans l’eau, et dont tu frotteras le visage de la jeune fille. Et moi, aussitôt, je serai forcé de sortir de son corps ; et, à l’heure et à l’instant, elle recouvrera la raison et reviendra à son état premier. Et du coup, pour récompense de la guérison opérée, tu deviendras l’époux de l’adolescente, fille du roi. Et telle est, ya Sidi Ahmad, la manière dont je veux reconnaître le service capital que tu m’as rendu, en me délivrant de cette femme effrayante qui est venue me rendre impossible le séjour de mon puits, de cet excellent endroit tranquille où j’espérais couler mes jours dans la retraite. Et qu’Allah maudisse la calamiteuse ! »

Et, ayant ainsi parlé, le genni prit congé de moi, en me pressant de me mettre aussitôt en route pour le pays de l’Inde, me souhaita bon voyage, et disparut à mes yeux, en courant à la surface de la terre, comme un navire poussé par la tempête.

Alors moi, ô mon seigneur, sachant que ma destinée m’attendait dans l’Inde, je n’hésitai pas à suivre les instructions du genni, et à me mettre aussitôt en route pour ce pays lointain. Et Allah