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les rencontres… (le cavalier…)
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pense, car il est tombé dans l’âme de qui en connaît le prix. Voici donc ce que je peux et veux faire pour toi ! ».

Et il s’arrêta un moment, pour reprendre haleine, tandis que moi, rassuré par ses bonnes intentions à mon égard, je pensais : « Par Allah ! cette femme est une chose effroyable, qui a réussi à effrayer les genn eux-mêmes, et les plus géants d’entre les genn. Comment ai-je pu résister si longtemps à sa malice et à sa méchanceté ! » Et, plein de commisération pour moi-même et pour mon semblable en malheur, je l’écoutai alors que déjà il continuait : « Oui, ya Sidi Ahmad, de bûcheron que tu es, je veux faire de toi l’égal des plus puissants rois. Et voici comment. Je sais que le sultan de l’Inde a une fille unique, qui est une adolescente comme la lune à son quatorzième jour. Et elle est précisément pubère, âgée de quatorze ans et quart, et vierge comme la perle dans sa nacre. Et moi je veux te la faire donner en mariage par le sultan de l’Inde, son père, qui l’aime plus que sa propre vie. Et, pour réussir dans ce projet, je vais aller de ce pas, à ma plus grande vitesse, au palais du sultan, dans l’Inde, et j’entrerai dans le corps de l’adolescente princière et prendrai momentanément possession de son esprit. Et de la sorte, devenue possédée, elle paraîtra folle à tout son entourage, et le sultan son père cherchera à la faire guérir par les médecins les plus habiles de l’Inde. Mais aucun d’eux ne pourra deviner la cause réelle de son mal, qui sera ma présence dans son corps ; et tous leurs soins échoueront sous mon souffle et de par ma volonté. Et c’est