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les rencontres… (le cavalier…)
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ne permet pas à la créature d’ôter la vie à une créature à son image. Et toi, ayant abandonné la fille de ton oncle au fond du puits, tu risques de la laisser mourir d’inanition. Certes ! une pareille créature mérite le pire des traitements. Mais toi, ne va pas charger ta conscience de sa mort, et retire-la du puits. Et d’ailleurs il y a des chances pour que cette leçon l’ait corrigée à jamais de son mauvais caractère ! »

Et, ne pouvant résister à cet avis de ma conscience, je me dirigeai vers le puits, et je criai à la fille de mon oncle, en glissant vers elle une nouvelle corde : « Allons, hâte-toi de t’attacher, que je te retire. J’espère que cette leçon t’aura corrigée. » Et, comme je sentais que la corde venait d’être saisie au fond du puits, j’attendis un moment pour donner le temps à mon épouse de s’y attacher solidement. Après quoi, sentant qu’elle imprimait des secousses à la corde pour me signifier qu’elle était prête, je la hissai à grand’peine, tant le poids était lourd qui était au bout de cette corde. Et quelle ne fut pas mon épouvante, ô émir des Croyants, en voyant attaché à cette corde, au lieu de la fille de l’oncle, un genni géant d’aspect peu rassurant…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.