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les rencontres d’al-rachid… (la jument…)
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souhaite rien de plus que d’entrer dans ta famille comme je suis entré dans ta miséricorde. Si donc tu veux bien m’accepter comme époux légitime de ta fille à l’âme noble, tu n’as qu’a prononcer la parole de l’acceptation. » Et elle répondit : « Pour ma part, je ne trouve pas d’inconvénient ! Mais toi, ma fille, qu’en penses-tu ? Cet excellent jeune homme, qu’Allah a mis sur notre route, te convient-il ? » Et ma jeune libératrice répondit : « Oui, par Allah ! il me convient, ô mère mienne. Mais ça n’est pas tout ça ! Il faut d’abord que nous le mettions à l’abri désormais des mauvais coups et de la méchanceté de son ancienne épouse. Car ce n’est pas assez que d’avoir rompu l’enchantement par lequel elle l’avait exclu de la société des êtres humains, il faut que nous la mettions pour toujours dans l’impossibilité de lui nuire ! » Et, ayant ainsi parlé, elle sortit de la chambre où nous nous tenions, mais pour revenir au bout d’un instant avec un flacon entre les doigts. Et elle me remit ce flacon, qui était rempli d’eau, et me dit : « Sidi Némân, mes livres anciens, que je viens de consulter, m’apprennent que la méchante étrangère n’est pas dans ta maison à l’heure qu’il est, mais qu’elle ne va pas tarder à y rentrer. Et ils m’apprennent également que la dissimulée fait semblant, devant tes serviteurs, d’être dans une grande inquiétude de ton absence. Hâte-toi donc, pendant qu’elle est dehors, de retourner à ta maison avec le flacon que je viens de te mettre entre les mains, et de l’attendre dans la cour, de façon qu’à sa rentrée elle se rencontre avec toi brusquement face à face. Et dans la stupeur où elle sera de te revoir, contre son attente,