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les rencontres d’al-rachid… (la jument…)
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pée. Et je vais tout de suite t’en donner la preuve. »

Et la jeune fille se leva à l’heure et à l’instant, prit un bassin de cuivre rouge plein d’eau, marmonna dessus quelques mots que je n’entendis pas, et, m’aspergeant avec quelques gouttes de cette eau, elle dit : « Si tu es né chien, demeure chien, mais si tu es né être humain, secoue-toi et reprends ta forme d’être humain, par la vertu de cette eau ! » Et à l’instant je me secouai. Et l’enchantement fut rompu, et je perdis la forme de chien pour redevenir homme, selon mon état de naissance.

Alors, pénétré de reconnaissance, je me jetai aux pieds de ma libératrice, pour la remercier d’un si grand bienfait ; et je baisai le bas de sa robe ; et je lui dis : « Ô jeune fille bénie, qu’Allah te rende, par les meilleurs de Ses dons, le bienfait sans égal dont je te suis redevable, et dont tu n’as pas hésité à faire bénéficier un homme inconnu de toi, un étranger à ta maison. Comment pourrais-je trouver des mots pour te remercier et te bénir comme tu le mérites ? Sache du moins que je ne m’appartiens plus, et que tu m’as acheté pour un prix qui dépasse, et de beaucoup, ma valeur. Et afin que tu connaisses exactement l’esclave qui est maintenant ta propriété et ta possession, je vais, sans peser sur tes oreilles et sans fatiguer ton entendement, te raconter en peu de mots mon histoire. »

Et alors je lui dis qui j’étais et comment, de célibataire que j’étais, j’avais subitement décidé de prendre femme, et de choisir, non point parmi les filles des notables de Baghdad, notre ville, mais parmi les étrangères esclaves que l’on vend et que