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histoire du livre magique
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il entra chez le khalifat et embrassa la terre entre ses mains, et dit : « Attaf le Généreux est là, ô émir des Croyants ! C’est lui qui a été mon hôte à Damas, qui m’a traité avec tant d’égards, de bonté et de générosité, et qui m’a préféré à sa propre âme ! » Et Al-Rachid dit : « Amène-le-moi immédiatement ! » Et Giafar l’introduisit, tel qu’il était, affaibli, exténué et tremblant encore d’émotion. Et Attaf, toutefois, ne manqua pas de rendre ses hommages au khalifat, de la meilleure manière et avec le langage le plus éloquent. Et Al-Rachid soupira, en le voyant, et lui dit : « En quel état je te vois, ô pauvre ! » Et Attaf pleura ; et, sur l’invitation d’Al-Rachid, il raconta toute son histoire depuis le commencement jusqu’à la fin. Et, pendant qu’il la racontait, Al-Rachid pleurait et souffrait, ainsi que Giafar le désolé.

Et voici que, sur ces entrefaites, entra le cheikh à la barbe teinte, qui avait été grâcié par Giafar. Et le khalifat, à sa vue, se mit à rire.

Puis il pria Attaf le Généreux de s’asseoir, et lui fit répéter son histoire. Et lorsqu’Attaf eut fini de parler, le khalifat regarda Giafar et lui dit : « Raconte-moi, ô Giafar, ce que tu comptes faire pour ton frère Attaf ! » Et il répondit : « D’abord mon sang lui appartient, et je suis son esclave. Ensuite je tiens prêts, à son intention, des coffres contenant trois millions de dinars d’or, et, pour autant de millions, des chevaux de race, des jeunes garçons, des esclaves noirs et blancs, des jeunes filles de tous les pays, et toutes sortes de somptuosités. Et il restera avec nous, afin que nous nous