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les mille nuits et une nuit

le nommé Schoumouschag, et tantôt avec le nommé Nagisch, et avec Ghasis, et avec Ghoubar, et avec Ghouschir, et avec bien d’autres crapules ; et il passait ses journées avec eux, me délaissant. Et tous se vantaient de l’avoir eu, à ma barbe, même Odis le balayeur d’ordures, et Abou-Boutrân le savetier.

Et ma jalousie ne faisait qu’augmenter tous les jours. Et j’avais beau le prêcher, et j’avais beau tenter de le dissuader d’agir de la sorte, il n’acceptait aucun conseil ni aucune réprimande ; quand enfin, tel soir, je le surpris avec le nommé Scboumouschag le tripier ; et, à cette vue, le monde noircit devant mon visage, et, dans la ruine même où je le surpris, je le tuai ! Et je me délivrai ainsi de tous les tourments qu’il m’occasionnait. Et telle est mon histoire ! »

Puis il ajouta : « Et j’ai gardé le silence jusqu’aujourd’hui. Mais, en apprenant qu’on allait exécuter l’innocent à la place du coupable, je n’ai pu taire mon secret, et je suis venu ici pour tirer l’innocent de dessous le glaive. Et me voici devant vous : frappez ma nuque, et prenez vie pour vie ! Mais délivrez d’abord ce jeune homme innocent, qui n’est pour rien dans cette affaire ! »

Et Giafar, en entendant ces paroles du cheikh, réfléchit un instant, et dit : « Le cas est douteux ! Et, dans le doute, il n’y a qu’à éloigner la main ! Ô cheikh, va dans la paix d’Allah, et qu’il te soit pardonné ! » Et il le renvoya.

Après quoi il prit Attaf par la main, et le serra de nouveau contre sa poitrine, et le conduisit au hammam. Et après que le délabré Attaf eût été rafraîchi et restauré, il alla avec lui au palais du khalifat. Et