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les mille nuits et une nuit

lui demanda : « De quel pays es-tu, ô jeune homme ? » Et il répondit : « Je suis un homme de Damas ! » Et Giafar demanda : « De la ville même ou des villages environnants ? » Et Attaf répondit : « Ouallahi ! ô mon seigneur, de la cité même de Damas, où je suis né. » Et Giafar demanda : « N’aurais-tu pas connu là, par hasard, un homme réputé pour sa générosité et sa largeur de paume, qui s’appelait Attaf ? » Et le condamné à mort répondit : « Je l’ai connu, lorsque tu étais son ami et que tu demeurais chez lui, dans telle maison, telle rue, tel quartier, ô mon maître, quand vous alliez tous deux vous promener ensemble dans les jardins ! Je l’ai connu lorsque tu t’es marié avec sa cousine-épouse ! Je l’ai connu lorsque vous vous êtes fait vos adieux Sur le chemin de Baghdad, et lorsque vous avez bu dans la même coupe ! » Et Giafar répondit : « Oui ! tout ce que tu dis là au sujet d’Attaf est vrai ! Mais qu’est-il devenu après qu’il m’eut quitté ? » Et il répondit : « Ô mon maître, il a été poursuivi par la destinée ; et il lui est arrivé telle et telle et telle chose ! » Et il lui fit le récit de tout ce qui lui était arrivé depuis le jour de leur séparation, sur le chemin qui conduisait à Baghdad, jusqu’au moment où le porte-glaive allait lui trancher le cou. Et il récita ces vers :

« Le temps a fait de moi sa victime, et toi, tu vis dans la gloire. Les loups cherchent à me dévorer, et toi, le lion, tu es là !

Chaque assoiffé qui vient, sa soif est étanchée par toi. Est-il possible que j’aie soif, tandis que tu es toujours notre refuge ? »