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histoire du livre magique
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homme qui en avait tué un autre. Et nous l’interrogeâmes, et il avoua, par son silence, qu’il était l’auteur de l’assassinat. Quels sont donc tes ordres ? » Et le vizir leur ordonna de le livrer à la mort. Et, en conséquence, ils tirèrent Attaf de la prison, le tramèrent à la place où se faisaient les pendaisons et les exécutions de têtes, déchirèrent un lambeau de ses haillons et lui en bandèrent les yeux. Et ils le livrèrent au porte-glaive. Et le porte-glaive demanda au wali : « Vais-je, ô mon seigneur, lui trancher le cou ? » Et le wali répondit : « Tranche ! » Et le porte-glaive brandit sa lame aiguisée, qui brilla et lança des étincelles dans l’air ; et il la fit tournoyer, et déjà il la ramenait en avant pour faire sauter la tête, quand un cri se fit entendre derrière lui : « Arrête ta main ! » Et c’était la voix du grand-vizir Giafar qui revenait de la promenade.

Et le wali alla au-devant de lui, et baisa la terre entre ses mains. Et Giafar lui demanda : « Pourquoi ce grand rassemblement ici ? » Et le wali répondit : « C’est pour l’exécution d’un jeune homme de Damas, celui que nous avons trouvé hier dans la ruine, et qui, à toutes nos questions, trois fois répétées, a répondu par le silence, au sujet de l’homme de sang noble, l’assassiné. » Et Giafar dit : « Oh ! un homme est venu de Damas jusqu’ici pour se mettre dans une si mauvaise situation ? Ouallahi, ce n’est pas une chose possible ! » Et il ordonna qu’on amenât l’homme en sa présence. Et lorsque l’homme fut entre ses mains, Giafar ne le reconnut pas, car la physionomie d’Attaf avait changé, et sa belle mine et son beau maintien s’étaient évanouis. Et Giafar