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les mille nuits et une nuit

« Allah te laissera dormir dans le sanctuaire, mais, toi, laisse-le à Ses adorateurs, car le sanctuaire est pour la prière et non pour le sommeil. » Et il marcha quelque temps dans les rues, et finit par arriver à une bâtisse en ruines, où il entra pour passer la nuit et dormir. Et, dans l’obscurité, il trébucha et tomba sur le visage. Et il sentit qu’il était tombé sur l’obstacle même qui l’avait fait trébucher. Et il vit que c’était un cadavre d’homme fraîchement assassiné. Et le couteau de l’assassinat était à ses côtés, sur le sol.

Et Attaf, à cette découverte, se releva vivement, avec ses haillons couverts de sang. Et il resta là, immobile, perplexe, et ne sachant quel parti prendre, en se disant : « Faut-il rester ou faut-il fuir ? » Et, pendant qu’il était dans cette situation, le wali et ses hommes de police vinrent à passer devant l’entrée de la ruine, et Attaf leur cria : « Venez voir ici ! » Et ils entrèrent avec leurs torches et trouvèrent le corps de l’assassiné, et le couteau à ses côtés, et le malheureux Attaf debout à la tête du cadavre, avec ses haillons tachés de sang. Et ils lui crièrent : « Ô misérable, c’est toi qui l’as tué ! » Et Attaf ne fit aucune réponse. Alors ils se saisirent de lui, et le wali dit : « Garrottez-le, et jetez-le dans le cachot, jusqu’à ce que nous ayons fait notre rapport de l’affaire au grand-vizir Giafar. Et si Giafar ordonne sa mort, nous l’exécuterons. » Et ils firent comme ils avaient dit.

En effet, le lendemain, l’homme chargé des écritures, écrivit à Giafar un rapport ainsi conçu : « Nous entrâmes dans une ruine et nous y rencontrâmes un