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les mille nuits et une nuit

et s’écria : « Grâces te soient rendues, Seigneur, en toute circonstance ! » Et il sanglota et dit : « J’ai souffert tout cela à cause, sans doute, de quelque faute commise par moi dans le passé, car Allah m’a favorisé de Ses meilleurs bienfaits, et je Lui ai répondu par la désobéissance et la révolte. Mais je Le supplie de me pardonner, vu que j’ai été trop loin dans la débauche et dans mon abominable conduite ! » Puis il récita ces vers :

« Ô Dieu ! l’adorateur fait ce qu’il ne devrait pas faire ; il est pauvre et dépend de toi.

Dans les plaisirs de la vie, il s’oublie ; dans son ignorance, pardonne-lui ses fautes ! »

Et il versa encore quelques pleurs et se dit en lui-même:« Que vais-je faire maintenant ? Si je pars pour mon pays, faible comme je suis, je mourrai avant d’y arriver ; et si j’y arrive, pour ma chance, il n’y aura aucune sécurité pour ma vie à cause du naïeb ; et si je reste ici, parmi les mendiants, mendiant moi-même, aucun d’eux ne m’admettra dans la corporation, vu que personne ne me connaît; et je ne serai pour moi-même d’aucune aide ni d’aucune utilité. C’est pourquoi je vais laisser le soin de ma destinée au Maître des destinées…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.