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histoire du livre magique
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Lorsque le serviteur vit cela, il se hâta de livrer ses jambes au vent, à cause de sa peur des conséquences. Et les amis du vizir Giafar relevèrent leur maître et étanchèrent son sang. Et ils s’écrièrent : « Il n’y a de recours et de force qu’en Allah le Très-Haut, le Tout-Puissant ! Ces maudits serviteurs sont toujours affligés du même caractère : ils troublent la vie des rois dans leurs plaisirs, et les arrêtent dans leur bonne humeur. Par Allah ! celui qui a écrit ce papier mérite tout simplement d’être traîné chez le wali qui lui appliquerait cinq cents coups de bâton et le jetterait en prison. »

Et, en conséquence, les esclaves du vizir sortirent à la recherche de celui qui avait écrit le papier. Et Attaf prévint toutes les recherches, en disant « C’est moi, ô mes maîtres ! » Et ils se saisirent de lui et le traînèrent devant le wali, et réclamèrent pour lui cinq cents coups de bâton. Et le wali les lui accorda. Et, en outre, il fit écrire sur ses chaînes de la prison : « Pour la vie ! » Ainsi firent-ils à Attaf le Généreux ! Et ils le jetèrent de nouveau dans le cachot, où il demeura encore deux mois, et où ses traces furent perdues et effacées.

Et, au bout de ces deux mois, un enfant naquit à l’émir des Croyants Haroun Al-Rachid qui, à cette occasion, ordonna que des aumônes fussent distribuées, et que des largesses fussent faites à tout le monde, et que les prisonniers fussent délivrés des prisons et des cachots. Et parmi ceux qui furent ainsi relâchés se trouva Attaf le Généreux.

Lorsqu’Attaf se vit délivré de la geôle, affaibli, affamé, délabré et nu, il leva ses regards vers le ciel