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histoire du livre magique
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au visage. Et le sang d’Attaf jaillit de son visage, et il tomba de tout son long par terre, car sa fatigue, sa faim et ses larmes l’avaient extrêmement affaibli. Mais, comme il est dit dans le Livre : « Allah a placé l’instinct de la bonté dans le cœur de certains esclaves, de même qu’il a mis l’instinct de la méchanceté dans celui de certains autres. » C’est pourquoi un second eunuque, qui voyait de loin ce qui se passait, s’approcha du premier, plein de colère et d’indignation contre ce qu’il venait de faire, et de pitié pour Attaf. Et le premier eunuque lui dit : « N’as-tu pas entendu qu’il prétendait être le frère du vizir Giafar ? » Et le second eunuque lui répondit : « Ô homme de la méchanceté, fils de la méchanceté, esclave de la méchanceté ! Ô maudit ! Ô cochon ! Giafar est-il donc un de nos prophètes ? N’est-il pas un chien de la terre comme nous autres ? Tous les hommes ne sont-ils pas frères, ayant pour père et pour mère Adam et Ève, et le poète n’a-t-il pas dit :

« Les hommes, par comparaison, sont tous frères. Leur père est Adam, et leur mère est Ève.

« Et la différence n’existe-t-elle pas seulement dans le plus ou moins de bonté des cœurs ? »

Et, ayant ainsi parlé, il se pencha sur Attaf et le releva et le fit asseoir, et essuya le sang qui coulait sur sa face, et le lava et secoua la poussière de ses vêtements, et lui demanda : « Ô mon frère ! quelle est la chose que tu désires ? » Et Attaf répondit : « Je désire seulement que ce papier soit porté à Giafar et remis entre ses mains. » Et le serviteur au cœur