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les mille nuits et une nuit

restera seul dans la poussière avec son amer destin, Si tu me vois, tu ne me reconnaîtras pas, à cause de la pauvreté et de la misère ; car les revers du temps, la faim, la soif et un long voyage ont réduit mon âme et mon corps à l’état d’inanition. Et voici que je te retrouve en arrivant ici. Et que la paix soit avec toi ! »

Puis il plia le papier et rendit le calam à son propriétaire, en le remerciant beaucoup. Et il demanda où était la maison de Giafar. Et quand on la lui eut indiquée, il s’arrêta et se tint debout devant la porte, à quelque distance. Et les gardiens de la porte le virent ainsi, debout et ne prononçant pas une parole. Et eux, non plus, ne lui parlèrent pas. Et comme il commençait à se sentir fort embarrassé de cette situation, un eunuque, vêtu d’une robe magnifique et ceinturé d’or, passa près de lui. Et Attaf alla à lui et lui baisa la main et lui dit : « Ô mon seigneur, l’Envoyé d’Allah (sur Lui la prière et la paix ! ) a dit : « L’intermédiaire d’une bonne action est comme celui qui fait la bonne action, et celui qui la fait appartient aux bienheureux d’Allah dans le ciel. » Et l’eunuque demanda : « Et de quoi as-tu besoin ? » Il dit : « Je désire de ta bonté que tu portes ce papier au maître de cette maison, en lui disant : « Ton frère Attaf est à la porte. »

Quand l’eunuque eut entendu ces paroles, il entra dans une grande colère, et ses yeux lui sortirent de la tête et il cria : « Ô effronté menteur ! Ainsi tu prétends être le frère du vizir Giafar ? » Et, de sa main qui tenait un bâton à bout d’or, il frappa Attaf