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histoire du livre magique
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alimenter le Yaxarte, le Bactros, et la Dajlah, et l’Euphrate, et le fleuve de Bassra, et le fleuve d’Antioche, et l’Oronte, et le Nil d’Égypte, et la mer salée, et la profondeur de tous les océans, je ne te céderais pas un morceau de ce que je mange. Mais si tu veux manger du poulet blanc et du pain chaud et de l’agneau tendre et de toutes les confitures et pâtisseries d’Allah, tu n’as qu’à frapper à la maison du grand-vizir Giafar, fils de Yahia le Barmécide. Car il a reçu à Damas l’hospitalité d’un homme nommé Attaf, et c’est en son souvenir et en son honneur qu’il répand ainsi ses bienfaits ; et il ne se lève ni ne se couche sans parler de lui. »

Lorsque Attaf eut entendu ces paroles du vagabond au sac si bien garni, il leva les yeux vers le ciel et dit : « Ô Toi dont les desseins sont impénétrables, voici que Tu répands de nouveau Tes bienfaits sur Ton serviteur ! » Et il récita ces vers :

« Confie tes affaires au Créateur, aussitôt que tu les verras embrouillées. Puis, assieds-toi à côté de tes peines, et congédie au loin tes pensées. »

Puis il alla chez un marchand de papier et lui demanda la charité d’un bout de papier, et le prêt d’un calam pour juste le temps d’écrire quelques mots. Et le marchand voulut bien lui accorder ce qu’il demandait. Et Attaf écrivit ce qui suit :

« De la part de ton frère Attaf, qu’Allah connaît ! Que celui qui possède le monde ne s’enorgueillisse point, car un jour il sera renversé et